Nos vies de plus en plus connectées nous offrent confort et efficacité, mais elles engendrent également des impacts environnementaux majeurs. Derrière l’achat d’équipements informatiques, chaque vidéo visionnée se cache un coût écologique bien réel. Dans cet article, nous explorons les différentes facettes de cet impact et mettons en lumière des pratiques concrètes mises en œuvre à l’Université pour réduire l’empreinte numérique.
Le poids de la fabrication : Pollution, ressources et enjeux sociaux
La fabrication des équipements numériques, tels que les smartphones et ordinateurs, constitue une des principales sources d’impact environnemental.
Pollution et émissions de gaz à effet de serre : Produire un smartphone génère environ 85 kg de CO₂ (soit l’équivalent de 12 repas avec du bœuf ou de 29 000km parcourus en TGV) et nécessite l’extraction de ressources comme le cobalt ou le lithium, souvent au détriment des écosystèmes et des populations locales.
Des impacts sociaux dramatiques : L'extraction de minerais tels que le cobalt et le lithium, engendre des conditions de travail précaires et dangereuses. De plus, les déchets électroniques sont fréquemment abandonnés dans des décharges sauvages, exacerbant la pollution et la mise en péril des écosystèmes locaux.
Le sac à dos écologique : Ce concept développé par l’ADEME illustre la quantité invisible de ressources mobilisées pour fabriquer un appareil. Par exemple, un ordinateur portable de 2 kg nécessite près de 800 kg de matières premières et des milliers de litres d’eau douce tout au long de son cycle de fabrication.
À l’Université Gustave Eiffel, plusieurs initiatives favorisent la durabilité des équipements :
Réemploi des appareils électroniques : Sur les campus de Lyon, Nantes et à l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP), le partenariat avec Manutan France (ZACK) permet de prolonger la durée de vie des équipements électroniques par le réemploi et le recyclage. ESIEE Paris offre également une seconde vie à ses équipements grâce à un acteur local du territoire. Les bilans écologiques et sociaux très positifs !
Optimisation énergétique des infrastructures : En 2023, un audit des salles serveurs du campus de Marne-la-Vallée a permis d’identifier des pistes d’amélioration pour réduire les consommations d’énergie.
L’usage : Le fantasme du "Dématérialisé"
Contrairement à ce que suggère l’idée de « dématérialisation », nos pratiques numériques quotidiennes ont un impact notable :
Le streaming vidéo : 80% du flux de données provient des vidéos. TikTok illustre bien ce phénomène. Une récente étude a révélé que la plateforme génère plus de 50 millions de tonnes d’équivalent CO₂ chaque année, Tik Tok émettrait ainsi autant de gaz à effet de serre que la Grèce.
À l’Université, la sensibilisation aux usages responsables est au cœur des actions menées. Cela passe par exemple par :
L’organisation d’ateliers collaboratifs comme La Fresque du Numérique, permet de sensibiliser les étudiant·es et les personnels aux impacts du numérique et d’identifier des solutions concrètes. Ces ateliers sont intégrés à la plateforme de formation Geforp.
La mise en place d’un Baromètre carbone d’un poste de travail, réalisé par un étudiant en contrat avec la mission DD&RS, qui comprend les équipements numériques : Sensibilisation sur le coût financier et environnemental d’un poste de travail.
L’Intelligence Artificielle (IA) : Une révolution énergivore
L’IA, en plein essor, est aussi un secteur gourmand en énergie. L’entraînement de modèles d’IA mobilise des data centers, qui consomment d’immenses quantités d’électricité. Par exemple, former un modèle de traitement de langage peut produire autant de CO₂ qu’un vol aller-retour entre New York et Londres.
À l’Université, le Schéma Directeur DD&RS intègre pleinement les enjeux du numérique responsable. Il fixe des objectifs ambitieux pour réduire l’impact environnemental des outils numériques, notamment par :
La réalisation d’un diagnostic des outils numériques ;
La mesure de l’empreinte carbone pour chaque campus ;
La formalisation d’une politique écoresponsable, avec des objectifs ciblés pour 2026.
Des gestes simples et des opportunités pour agir
Chacun peut contribuer à réduire son empreinte écologique :
Prolonger la durée de vie des équipements : Privilégier les appareils reconditionnés et adopter une démarche de réparation plutôt que de remplacement.
Limiter les impacts du streaming : Télécharger les vidéos plutôt que de les regarder en streaming, privilégier le Wi-Fi et diminuer la qualité de visionnage si vous regardez en streaming.
Nettoyer ses données : Supprimer les fichiers inutiles , notamment lors du Digital Cleanup Day. Bien que ce geste ne soit pas le plus impactant, il peut s’inscrire dans une démarche plus large.
Calculer l’empreinte carbone de vos usages numérique : avec le calculateur de l’ADEME disponible sur impactco2.fr/usagenumerique
À travers ces initiatives, l’Université montre que des actions concrètes, à la fois individuelles et institutionnelles, peuvent répondre aux enjeux complexes du numérique. Il appartient à chacun de s’approprier ces pratiques pour faire du numérique un outil au service d’un avenir durable.
Sources :
ADEME : Numérique : quel impact environnemental en 2022 ? infos.ademe.fr/magazine-janvier-2025/numerique-quel-impact-environnemental-en-2022/
En route vers la sobriété numérique librairie.ademe.fr/consommer-autrement/5086-en-route-vers-la-sobriete-numerique-9791029718755.html
Étude sur l’impact carbone de TikTok : www.novethic.fr/environnement/climat/tiktok-emettrait-autant-co2-grece
Novethic : Data centers : portée par l’IA, la demande explose www.novethic.fr/environnement/transition-energetique/course-ia-exploser-demande-data-centers-emissions-carbone
Digital Cleanup Day : digital-cleanup-day.fr